Innovation Publique : et si le "vrai problème" était de ... tenir debout ?!

Nous vivons une époque paradoxale. Jamais les organisations publiques n'ont autant parlé "d'innovation", de "transformation" et de "laboratoires". Pourtant, sur le terrain, un sentiment de fatigue, voire de déconnexion, s'installe. Dans un climat général devenu menaçant – entre crise climatique, fractures sociales et défis budgétaires – la course aux "outils" semble parfois nous éloigner de l'essentiel : le sens de l'action publique.

Une récente publication de La 27e Région (que je vous invite à lire ici) pose la question avec une justesse remarquable : "comment tenir encore debout ?"

Comment, en effet, ré-arrimer nos efforts de transformation aux valeurs fondatrices du service public, à la démocratie, à la soutenabilité et même à notre reconnexion au vivant ?

Cet article n'est pas un catalogue de solutions. C'est une invitation à "faire accoucher" nos propres réponses en posant les bonnes questions.

Le diagnostic : Quand l'innovation est "dés-arrimée"

Légende : La facilitation graphique de la plénière d'ouverture des Assises de l'innovation publique. Une capture visuelle brillante qui pose les termes du débat.

‍Crédit : Céline Ziwès / zeidegrafik.com pour La 27e Région & le CNFPT.

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Le constat partagé lors des Assises de l’innovation publique est sans appel. L'innovation publique, trop souvent réduite à une approche techno-centrée ou managériale, risque de tourner à vide. Elle devient "dés-arrimée" :

• Dés-arrimée des valeurs démocratiques : Quand la participation citoyenne devient une case à cocher plutôt qu'un véritable levier de co-décision.
• Dés-arrimée de la soutenabilité : Quand on optimise un service sans questionner son impact écologique à long terme.
• Dés-arrimée du vivant : Quand nos politiques d'aménagement ou de développement économique ignorent les limites planétaires et les écosystèmes dont nous dépendons.

Le risque ? Créer des "solutions" qui ne répondent à aucun "vrai problème", ou pire, qui aggravent la déconnexion entre les institutions et les citoyens.

L'angle mort : Évaluer l'impact dans un monde de "post-vérité"

Pour "tenir debout", une organisation doit savoir si ses actions ont un impact. C'est le rôle de l'évaluation.

Mais comment faire lorsque, comme le souligne une réflexion de Science et Bien Commun sur l'évaluation à l'ère de la post-vérité, la notion même de "fait" ou de "vérité" est contestée ?

💡 Le défi n'est plus seulement technique (mesurer), il est philosophique (se mettre d'accord sur ce qui compte).

Si nous ne partageons plus un diagnostic commun sur les problèmes (climat, pauvreté, éducation), comment pouvons-nous évaluer l'efficacité de nos innovations ? Cet angle mort paralyse l'action et alimente le cynisme. "Tenir debout" impose donc de reconstruire, d'abord, un socle de valeurs et d'objectifs partagés.

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Ma Valeur Ajoutée : L'innovation sans alignement n'est que du mouvement

C'est précisément ici que j'interviens dans mes missions, que ce soit auprès d'une ETI, d'une collectivité ou d'un pôle de compétitivité.

Mon "Red Flag" personnel se déclenche instantanément lorsque j'entends : "Nous devons innover, vite !" sans que le "Pourquoi ?" n'ait été défini.

L'innovation pour l'innovation n'est que du mouvement. L'innovation stratégique est un mouvement aligné.

Mon rôle de "maïeuticienne d'idées" est de forcer cet arrêt, d'aider les équipes de direction à "prendre le temps" de définir le cap pour éviter de "prendre le risque" de naviguer à vue.

• Le "Vrai Problème" : Ne porte jamais sur l'outil (Faut-il une app ? Un nouveau lab ?), mais sur la mission. (Quel impact démocratique, social ou écologique cherchons-nous VRAIMENT à avoir ?)
• La "Double Perspective" : C'est ce qui permet de tenir debout. Nous devons avoir les pieds ancrés dans les urgences du présent (le terrain, le budget) et le regard fixé sur l'horizon (la soutenabilité, le long terme).
• L'Alignement : C'est la seule réponse durable. Une action (comme le programme "Rebonds" cité par La 27e Région, qui teste de nouvelles approches de dév' éco local) n'est "robuste" que si elle est parfaitement alignée avec la raison d'être de l'organisation.

Conclusion : Tenir debout, c'est choisir ses racines

Finalement, "tenir debout" dans ce climat menaçant, ce n'est pas être rigide. C'est l'inverse. C'est avoir des racines – des valeurs, une mission claire, un cap démocratique – si profondes qu'elles nous permettent d'être flexibles et innovants en surface sans jamais nous déraciner.

La transformation publique la plus puissante n'est pas la plus "disruptive" ; c'est la plus alignée.

Avant de lancer votre prochain grand projet de transformation, la question n'est donc pas "Quel outil utiliser ?" mais : Et vous, votre innovation est-elle solidement arrimée à vos valeurs fondamentales ?

La boussole stratégique de votre organisation vous semble floue ? Vos projets d'innovation peinent à trouver leur sens ?

C'est un point de départ passionnant.

Discutons-en.